Les Défis Éthiques de l’Intelligence Artificielle : Le Cas de DeepSeek

L’ascension fulgurante de DeepSeek inquiète de plus en plus les régulateurs occidentaux. La startup chinoise, souvent décrite comme un sérieux concurrent à OpenAI, suscite des inquiétudes sur la gestion des données personnelles de ses utilisateurs. En effet, ces préoccupations sont amplifiées par la question cruciale de la localisation du stockage des données.

Le 28 janvier, l’autorité italienne de protection des données (GPDP) a émis un avertissement concernant un risque élevé pour les données personnelles d’utilisateurs en Italie. Dans son communiqué, la GPDP a demandé à DeepSeek des précisions sur les données collectées, les sources utilisées, et leurs finalités.

Le lendemain, il était constaté que l’application de DeepSeek avait disparu des magasins Google et Apple en Italie. Bien qu’aucune relation directe ne puisse être établie entre cette action et les préoccupations de la GPDP, on se souvient qu’une situation similaire s’était produite avec ChatGPT, qui avait été temporairement bloqué en mars 2023 en raison d’inquiétudes analogues.

Une Vigilance Globale

En réaction à ces préoccupations, d’autres pays ne restent pas en reste. En Irlande, la Commission de protection des données s’est également penchée sur le sujet. Un sénateur a souligné les différences de protections en matière de données, surtout si celles-ci sont stockées en Chine. Également, en Australie, le ministre Ed Husic a exprimé la nécessité d’être prudent face à cette technologie récente. Enfin, en Belgique, une plainte a été déposée pour alerter l’autorité de protection des données sur les risques liés à DeepSeek.

Quant à la France, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a indiqué ne pas avoir reçu de signalements pour le moment, mais a décidé de mener une analyse approfondie de l’outil DeepSeek afin d’évaluer les risques potentiels.

Stockage des données : une ambiguïté préoccupante

DeepSeek a récemment lancé ses modèles de langage, dont un chatbot similaire à ChatGPT. Ce dernier, qui connaît un succès fulgurant, est disponible en ligne et sur application mobile. Pour le 30 janvier, l’application avait été la plus téléchargée en France.

Cependant, il convient de souligner que la politique de confidentialité de DeepSeek est très claire : les informations personnelles telles que l’e-mail, l’âge et l’historique des requêtes peuvent être stockées, notamment sur des serveurs basés en Chine. Cela soulève des inquiétudes sur le traitement de ces données, qui pourraient être partagées avec des partenaires commerciaux, voire des autorités en cas de demande légale.

Il est d’autant plus troublant de savoir qu’en Chine, l’État a le droit d’accéder aux données des entreprises pour des nécessités de surveillance. Une faille récente a d’ailleurs dévoilé les données utilisateurs, suscitant de sérieux doutes sur les mesures de sécurité mises en place par DeepSeek.

Conclusion

Alors que l’engouement pour les technologies d’intelligence artificielle croît, les préoccupations concernant la protection des données personnelles sont plus que jamais d’actualité. Le cas de DeepSeek illustre les défis éthiques et opérationnels auxquels nous sommes confrontés dans cette nouvelle ère numérique. Le débat sur la régulation et la sécurité des données est loin d’être clos.